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L’agriculture sacrifiée (Édito – mars 2024)

Les agriculteurs viennent de se mobiliser fortement pour exiger des revenus qui leurs permettraient de vivre convenablement du fruit de leur travail. Alors que leurs difficultés sont dues à la pression exercée par la grande distribution et les industries agroalimentaires, mais aussi à la politique de libre échange de l’UE et de la PAC, Gabriel Attal et la FNSEA ont choisi, en suspendant le « plan Ecophyto », de faire de l’écologie le bouc émissaire.

Bien sûr, le modèle productiviste actuel appauvrit la paysannerie vivrière au profit de la grande distribution et de l’agro-industrie*. Mais défendre la voie de l’agroécologie pour garantir une rémunération stable ne suffit pas, il faut aussi mettre fin au libre-échange généralisé et interroger le rôle de la PAC. 9,5 milliards d’euros d’aides ont été distribués aux agriculteurs en 2022, mais ces aides, premier pilier de la PAC, financent essentiellement les gros producteurs, laissant 18 % des agriculteurs vivre en dessous du seuil de pauvreté. Les organisations syndicales productivistes françaises ont toujours refusé d’orienter la PAC vers son deuxième pilier, fondé sur le développement rural, et défendent un modèle d’exportation qui épuise les sols, maltraite les animaux et intoxique les paysan-nes.

L’agroécologie est la seule voie raisonnable, car agriculture et écologie sont intrinsèquement liées. Les êtres humains ne sont ni hors, ni au-dessus des écosystèmes, ils en sont une composante essentielle. Loin de sauver l’agriculture, la macronie la sacrifie en réalité sur l’autel du libéralisme.

* Selon le rapport 2022 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, sur 100 € dépensés par le consommateur, la valeur ajoutée par l’agriculture ne représente que 6,90 €, contre 10,40 € pour les industries alimentaires.

Jusqu’où ira la banalisation du RN ?

Alors que les sondages réalisés en vue des élections européennes placent le Rassemblement National largement en tête, la banalisation de ce parti ne fait que se confirmer. Si dans ce processus les médias jouent un rôle essentiel – Bardella a été interviewé 13 fois entre le 16 janvier et le 16 février, tous médias confondus –, au parlement aussi on s’évertue à le banaliser. La majorité lui avait déjà donné des postes de vice-présidence à l’Assemblée nationale, mais aujourd’hui c’est une ministre qui lui reconnaît publiquement  un « rôle de parti comme les autres », et c’est un responsable du parti Horizon qui se dit prêt à travailler avec lui…

Plus grave, Darmanin, qui avait déjà avec la complicité de LR présenté une loi introduisant la « préférence nationale », reprend aujourd’hui une idée d’extrême-droite en remettant en cause le droit du sol à Mayotte.

Jusqu’où ira la banalisation du RN ? Ira-t-on jusqu’à laisser ce parti raciste et xénophobe, qui a osé participer à une manifestation contre l’antisémitisme, apparaître comme le défenseur de la République ?

Collectif Histoire et Mémoire

Le collectif Histoire et Mémoire dans le Respect des Droits Humains mène actuellement une campagne contre le projet d’ériger une statue en bronze du général Bigeard dans l’espace public à Toul. Cette initiative a été lancée en 2018, et la statue est prête depuis 2020.  Mais la municipalité de Toul a longtemps hésité à cause des oppositions à ce projet. Elle vient cependant de donner son feu vert à l’installation de la stèle. La date de l’inauguration reste pour l’instant entourée de mystère…

Voici en pièce jointe l’argumentaire du collectif. Attac-54 s’associe à sa  campagne contre ce projet.

Le coin des livres

Recueil de nouvelles – Benoît FOURCHARD, auteur de pièces de théâtre, de scénarios, de nouvelles et de romans, et accessoirement membre d’Attac-54, vient de publier Indéfectibles, un recueil d’une vingtaine de nouvelles « qui sont autant de récits drôles ou émouvants de destins individuels croisés à des événements de l’histoire récente. »

Anthropocène et habitabilité de la planète – Henri CUNY, docteur en biologie végétale et auteur du livre Le Bon, la brute et le tyran – ce que l’Anthropocène dit de nous, a donné en janvier dernier une conférence sur l’Anthropocène, organisée par Attac-54. Il a mis en lumière les conséquences pour notre planète de l’activité humaine, et esquissé des pistes pour y faire face.

Le juste sort d’une mauvaise loi (Édito – février 2024)

Le gouvernement a décidé, voilà plus d’un an, de présenter une nouvelle loi dite « Asile et immigration », soi-disant pour répondre à l’attente du peuple français. Cette loi, condamnée dès le début par l’ensemble des associations, des syndicats et des partis politiques de gauche, a connu bien des péripéties avant d’être en partie retoquée fin janvier par le Conseil Constitutionnel, au moins dans ses dispositions les plus dures et les plus injustes, qui remettaient en cause certains fondements de notre République.

Elle avait donné lieu, le 21 janvier, à des manifestations à Nancy et un peu partout en France, suite à un appel lancé par de nombreuses personnalités. Cet appel soulignait le caractère dangereux de la loi : « C’est un tournant dangereux dans l’histoire de notre République, d’abord parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni au défi de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration ». De plus, ajoutait le communiqué, cette loi est dangereuse « parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer en France leur projet de préférence nationale ». Enfin, concluait-il, « elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain hérité du Conseil National de la Résistance que sont le droit du sol, au travail, à l’éducation, au logement et à la santé ».

Les personnalités signataires appelaient à agir contre « la division de la société » qu’induit cette loi en manifestant leur attachement aux principes de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.

Toujours est-il que, si Darmanin se vantait d’avoir fait passer la loi, Macron a, quant à lui, fait preuve à cette occasion d’une véritable duplicité : il a soutenu une loi raciste qui prônait « la préférence nationale », tout en escomptant que le Conseil Constitutionnel supprimerait les articles les plus dangereux pour la démocratie. En agissant ainsi, alors qu’il s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-Le Pen, il a fait preuve d’une totale irresponsabilité en encourageant les idées de l’extrême droite et en donnant des arguments à ceux qui, RN en tête, mettent en cause l’État de droit.

Conférence de Henri CUNY sur l’Anthropocène

Henri Cuny est l’auteur du livre Le bon, la brute et le tyran – Ce que l’Anthropocène dit de nous. Attac-54 l’avait invité le 19 janvier dernier à donner une conférence sur l’Anthropocène. En voici un résumé.

Pouvant être traduit par « l’âge de l’homme », l’Anthropocène est un terme apparu récemment pour désigner notre époque, durant laquelle l’activité humaine serait devenue la force principale de changement sur notre planète.

À travers quelques photographies et graphiques, Henri Cuny a dans un premier temps montré à quel point l’activité humaine influence la surface terrestre. Si l’évolution a été lente pendant des millénaires, elle a connu une formidable accélération depuis le début de l’ère industrielle. Cette influence s’exerce aujourd’hui dans le sens d’une profonde altération de l’habitabilité terrestre et provoque un effondrement du vivant, un phénomène que les scientifiques n’hésitent plus à nommer « sixième extinction massive de la vie sur Terre ».

Dans un second temps, il a cherché à amorcer une réflexion sur la manière de réorienter l’activité humaine dans une direction plus respectueuse de la vie. Il s’est notamment attaché à montrer que certaines solutions actuellement mises en avant sont dans une large mesure des illusions visant à perpétuer un modèle destructeur, et que la bifurcation vers un nouvel horizon collectif passe avant tout par la redéfinition d’un imaginaire qui accorde davantage de place au non-humain.

Au final, il a porté la réflexion sur notre rapport à la nature et sur des solutions possibles pour changer notre manière de concevoir et d’habiter le monde.

Penser la prison aujourd’hui en France : enjeux et limites

C’était le thème d’un atelier proposé lors du dernier Regroupement des Collectifs Locaux (RCL) d’ATTAC France. La prison ? Pourquoi évoquer la prison dans les instances d’ATTAC ? Parce qu’ATTAC est attachée à la justice fiscale, sociale et écologique. Ces 3 pans de notre action ont été évoqués lors de cet atelier.

À justice fiscale, questions financières.
Combien coûte la prison ? (32 000 €/an/détenu)
Quels sont les objectifs prégnants de l’incarcération ? Protéger ? Éduquer ? Punir ?
Atteint-elle ses buts ? Limite-t-elle seulement la récidive ? Fait-elle seulement peur ?
Quels écueils craindre face à la délégation de service public dans la gestion des prisons ? (oui oui, ça pointe son nez en France aussi !)

A justice sociale, questions d’(in)égalités et de discriminations.
Statistiquement, qui est en prison ? Quelles catégories sociales/ethniques/économiques de personnes ?
Pour quelles raisons ?
Pour combien de temps ? (11,1 mois en moyenne)
Pourquoi la France est-elle régulièrement condamnée par la CEDH (Commission Européenne des Droits de l’Homme) ? Savez vous que la France est classée 3ème – en partant de la fin ! – des pays européens respectueux des Droits de l’Homme en prison ?

A justice écologique, questions philosophiques.
Les malades – majoritaires en prison – y ont-ils leur place ?
Les enfants (parfois nés en prison) de mères incarcérées y ont-ils leur place ?
La mixité, la santé, la dignité… y ont-elles leur place ? Et le droit du travail ?
Y a-t-il de la place pour les prisons dans tous les pays ? (sachez que non)

Pour creuser le sujet et obtenir quelques réponses à ces questions, allez visiter le site de Prison Insider, plateforme de production et de diffusion d’informations sur les prisons dans le monde, qui a proposé cet atelier.

Vous pourrez également trouver un compte-rendu plus complet de l’atelier ici.

De l’inefficacité de la COP (Édito – décembre 2023)

La COP 28 (Conference of the Parties, 28e édition) s’est  tenue à Dubaï au début de ce mois de décembre. Le but affiché de ces réunions annuelles des États est de fixer des objectifs mondiaux susceptibles de contenir le dérèglement climatique dans des limites raisonnables pour la biosphère.

Force est de constater pour l’instant que la situation continue inexorablement de se dégrader, et que les émissions de gaz à effet de serre (GES), principale cause du réchauffement, poursuivent leur progression d’une année sur l’autre, en dépit des recommandations répétées et insistantes du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Le 17 novembre dernier, la température mondiale a même franchi le seuil symbolique de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, qui était la limite à ne pas dépasser selon les COP elles-mêmes.

La COP 28 reflète de manière caricaturale la dérive de ces conférences, par le lieu où elle s’est déroulée – les Émirats Arabes Unis, l’un des plus grands producteurs et exportateurs de pétrole au monde –, par son président – l’émir Ahmed Al Jaber, PDG de l’une des principales compagnies pétrolières mondiales – et par la présence d’innombrables lobbyistes des énergies fossiles, qui ont fortement influencé la rédaction du rapport final. Celui-ci est très édulcoré et, s’il mentionne pour la première fois le sujet sensible des énergies fossiles, il évite soigneusement l’utilisation de termes faisant référence à une quelconque manière d’en sortir à court ou moyen terme. Il y est question de l’horizon 2050, quand les experts du GIEC ne cessent de nous alerter sur le fait que, si des décisions radicales ne sont pas prises avant 2030, il sera trop tard pour éviter l’emballement climatique.

De plus, aucun accord n’est intervenu sur les moyens de financer la « transition énergétique », ni sur la mise à contribution des pollueurs, ni sur la façon de garantir la justice et l’équité en faveur des pays du Sud, qui sont les premières victimes et les derniers responsables du dérèglement climatique. En revanche, le rapport met en avant les solutions technologiques (comme les capteurs de CO2)… Une imposture qui tend à faire croire que tout va bien, puisque la technologie permettra de surmonter le problème.

Le seul point positif, sans doute, est l’annonce d’une forte augmentation, d’ici à 2030, des capacités de production des énergies renouvelables. Mais l’essai reste à transformer car, pour l’instant, elles ne se substituent pas aux énergies fossiles, elles ne font que s’y ajouter.

Le graphique de l’évolution des émissions de GES d’une COP à l’autre montre clairement que les décisions prises à l’issue des conférences n’ont guère eu d’influence sur ces émissions. Il est urgent que les prochaines COP parviennent à y remédier.

Rétrospective 2023 de l’actualité politique et sociale : morceaux choisis par Attac-54

(Les dessins qui suivent sont tous issus des éditions papiers 2023 du Canard enchaîné)

Janvier : la situation des hôpitaux publics continue à se dégrader, les conditions de travail des soignants deviennent de plus en plus difficiles.

Février : les Français sont mobilisés contre la réforme des retraites du gouvernement.

Mars : Macron s’arc-boute sur la réforme des retraites et tourne le dos au dialogue social.

Avril : la communication de l’éxécutif sur la réforme des retraites ne convainc pas les Français, qui restent mobilisés contre la réforme.

Mai :  le gouvernement prépare une loi sur l’immigration qui restreindra sensiblement les droits des migrants.

Juin : LR sait que Macron a besoin de son soutien pour voter la loi immigration, et en joue pour la durcir.

Juillet : émeutes dans les banlieues, après la mort d’un jeune abattu par un policier à cause d’un “refus d’obtempérer”.

Août : rien ne va plus dans les services d’urgence des hôpitaux, où les médecins et les personnels soignants doivent faire face à une charge de travail excessive.

Septembre : la polémique autour de l’abaya enflamme la rentrée scolaire, suite à l’annonce par Gabriel Attal de l’interdiction du port de ce “signe religieux ostensible” à l’école.

Octobre : Elisaeth Borne a réuni l’ensemble des organisations syndicales et patronales dans le cadre d’une conférence sociale portant sur les dynamiques de parcours et de rémunération.

Novembre : le garde des sceaux (quand même !) Eric Dupont-Moretti est mis en examen pour “prise illégale d’intérêts”.

Décembre : avec l’aide de LR et du RN, Emmanuel Macron fait voter une loi sur l’immigration dont il espère qu’elle sera en partie retoquée par le Conseil Constitutionnel. Limpide, non ?

Quiz sur le discours et programme économique et social du RN

Attac-54 a engagé un travail sur la déconstruction du discours/programme économique et social du Rassemblement National. Ce travail a notamment débouché sur l’établissement d’un Quiz pour faire comprendre, sous une forme ludique, la réalité qui se cache sous les discours lénifiants du RN. Nous avons commencé à partager ce Quiz avec vous dans l’infolettre de juin (pouvoir d’achat et logement), celle de septembre (fiscalité), celle d’octobre (écologie) et celle de novembre (éducation/société). Ce mois-ci nous vous présentons le cinquième et dernier volet.

Partie 5 : Sécurité / Divers

Question 22

Quiz sur le discours et programme économique et social du RN :

A – Instaurer à leur profit une présomption de légitime défense.

B – Rendre l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) indépendante de la hiérarchie.

Question 23

À propos des peines de prison, le RN veut supprimer toute possibilité de réduction ou aménagement de peine :

A – Pour les condamnés d’origine étrangère.

B – Pour tous les condamnés.

Question 24

Pour lutter contre la délinquance des mineurs, le RN projette :

A – D’appliquer une peine dès le premier délit, éventuellement assortie d’une mesure éducative.

B – De supprimer le système des mesures éducatives.

Question 25

À propos des peines alternatives (bracelet électronique, travail d’intérêt général, etc.), le RN souhaite :

A – Les remplacer par des amendes ou des peines de prison.

B – Les réserver aux condamnés français, ceux d’origine étrangère devant être systématiquement emprisonnés.

Question 26

Les fondateurs du Front National, dont le Rassemblement National actuel est l’héritier, sont pour la plupart issus :

A – De la frange droitière de la Résistance.

B – De la collaboration, de l’OAS et de la Waffen-SS.

Question 27

Le RN n’a jamais accédé au pouvoir en France. Son expérience se limite à la gestion de 14 communes, où il a pris :

A – Des mesures en faveur des classes populaires.

B – Des mesures originales en faveur de l’écologie.

==> Pour voir les réponses et les commentaires : cliquez en haut à droite de la page sur « Menu », puis « Quiz sur le RN – Réponses ».