Macron joue avec le feu (Édito – mai 2021)
Tout le monde se souvient de la manière dont Emmanuel Macron a réussi à se faire élire en s’opposant à Marine Le Pen. Il fallait éviter le pire, et lui se disait progressiste. Or, si le Front National, devenu Rassemblement National, a en grande partie construit sa popularité en stigmatisant les étrangers, Macron n’a pas non plus montré jusqu’à présent beaucoup de sollicitude à l’égard des migrants.
S’appuyant sur la politique sécuritaire de l’Europe, le gouvernement français n’a fait qu’aggraver au fil des mois les conditions d’accueil des exilés. Aujourd’hui encore, à la frontière italienne, à Calais ou à Paris, c’est l’hostilité qui prédomine à l’égard de ceux qui demandent l’asile. Le sort réservé aux mineurs non accompagnés est emblématique à cet égard. Alors que plusieurs associations viennent de saisir le Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour réclamer une enquête sur les « violations graves et systématiques » de leurs droits en France, on assiste à une recrudescence des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) qui condamnent de jeunes migrants à abandonner leur apprentissage en cours… A moins d’un an de la présidentielle, alors que les ministres du Travail et de l’Education Nationale ont été interpellés, les préfets continuent à organiser l’expulsion de jeunes qui ne demandent qu’à étudier et travailler en France.
Tout semble donc indiquer que Macron a choisi de mener principalement sa campagne sur le terrain de prédilection du Rassemblement National : l’immigration. La loi « contre les séparatismes » est là pour le confirmer. En agissant ainsi, il risque fort de valider la politique de Marine Le Pen… Contre cette logique, les forces démocratiques ont l’obligation d’agir pour contraindre l’État français à retrouver le chemin d’un accueil digne et humain des réfugiés.