Il va faire très chaud en France … pour les migrants
Les vagues de migrants déferlant sur Nancy n’ont jamais été très spectaculaires. La dernière en date, celle des citoyens fuyant la guerre en Ukraine, a été aisément amortie par les autorités locales, qui se sont montrées sous leurs meilleurs atours de modèles de solidarité et d’humanité. Pourtant, il n’en a jamais été de même pour tous les damnés de leurs terres d’origine arrivés à Nancy. La preuve en est encore aujourd’hui. La preuve par l’illustration, l’action, la décision…
La Préfecture, avec zèle, suit la voix de son maître-président : pas de régularisation pour tous ces Africains, même pour les plus « méritants », même pour celles et ceux qui sont en France depuis moult années, même pour celles et ceux pour lesquels la France a investi dans l’éducation, la formation, la montée en compétences… Pourtant, certains sont là depuis plusieurs années, nos entreprises manquent de main d’œuvre et nous faisons régulièrement appel à la force de travail étrangère dans plusieurs domaines professionnels. Et la France, pays des Droits de l’Homme ? « Bah… Prétendons qu’ils ont de faux papiers, les esprits français s’en accommoderont ».
Tout cet été, un collectif de jeunes sans papiers en Meurthe-et-Moselle a agi. Il a manifesté – et de belle façon ! – à deux reprises en plein mois d’août. Il a osé se rebeller suite à la décision (mal) assumée du Conseil Départemental 54 de ne plus protéger plusieurs dizaines d’entre eux au prétexte que – attention, tenez-vous bien ! – la Préfecture n’envisage pas d’accorder de titre de séjour à ces jeunes. Oh la perfidie ! Dissonance ou accointance politique ? Nous ne comprenons pas comment la présidente du Conseil Départemental peut assumer une telle posture, à l’heure où, le 9 septembre dernier, elle accompagnait ses camarades et édiles locaux pour remettre le prix du livre des Droits Humains 2022 à Stefan Le Courant pour son ouvrage Vivre sous la menace, les sans-papiers et l’État (Seuil). Cet été, ces jeunes ont puisé à la source du désespoir le pouvoir de dire NON à l’assignation, NON à la résignation, OUI aux régularisations !
A leurs côtés, des militants, des associations, des citoyens soutiennent ces jeunes et ces familles venus d’ailleurs en quête d’une vie décente. Parmi eux, Catherine TOSSER-ROUSSEY, toute fraiche présidente de la Ligue des Droits de l’Homme 54 s’est vue convoquée le 5 septembre à la PAF (Police de l’Air et des Frontières), prétendument soupçonnée « d’aide au séjour irrégulier » et « d’obtention et détention de faux papiers ». Face à la solidarité citoyenne, au militantisme, à l’humanisme, l’Etat oppose manigance, manipulation, intimidation. À l’heure où l’Assemblée nationale envisage de durcir les conditions de régularisation et d’assouplir les conditions d’expulsion de certains migrants, à l’heure où même dans notre département – pourtant remarqué pour sa résistance aux idées fascisantes – les élus locaux semblent avoir perdu leur boussole, tout laisse à penser que les luttes à venir risquent de se mener à couteaux tirés, dans un climat politique étouffant.