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Menaces sur la démocratie en Europe (Édito- mai 2024)

L’Europe est actuellement confrontée à une montée de l’extrême-droite, désormais au pouvoir dans certains pays et aux portes de celui-ci dans d’autres, dont la France. Outre le vote pour ses candidats, cela se traduit par une diffusion de ses idées au-delà de ses propres rangs. La droite « classique » et macroniste est de plus en plus imprégnée par son idéologie qui, malheureusement, infuse aussi parfois dans le discours et dans les thèmes de campagne de certaines fractions de la gauche.

Cette montée en puissance de l’extrême droite est favorisée par les politiques néolibérales des gouvernements nationaux, mais les institutions européennes y contribuent aussi. En empêchant tout débat sur les orientations économiques et sociales de l’Union Européenne, et en particulier sur les politiques d’austérité qui ont ravagé les services publics et affaibli les populations les plus fragiles, ses dirigeants ont créé les conditions d’un débat politique focalisé sur la recherche d’autres boucs émissaires, en particulier les migrants.

De plus, l’Union Européenne s’est révélée incapable de faire respecter les valeurs sur lesquelles elle est supposée être fondée. Elle n’a pas su empêcher des gouvernements comme ceux de Pologne – du moins jusqu’aux dernières élections législatives – ou de Hongrie de piétiner les libertés publiques. Mais c’est dans toute l’Europe que l’état de droit recule, y compris en France où se succèdent lois sécuritaires et politiques répressives. On l’a vu notamment à l’occasion des manifestations des Gilets jaunes et, aujourd’hui, face aux mouvements de défense de l’environnement et du climat ou de soutien à la Palestine : interdictions de manifestations et de conférences, violences policières, arrestations et gardes à vue, condamnations…

Enfin, l’Union Européenne s’est montrée incapable de mettre en place une autre politique migratoire que celle de la fermeture, du rejet et de la répression qui, outre ses conséquences dramatiques pour ceux qui cherchent à échapper aux conséquences du réchauffement climatique, à la guerre, aux persécutions et à la misère, alimente le climat de peur et de rejet sur lequel surfe l’extrême droite.

Le manque de transparence des institutions communautaires, la prépondérance des institutions les moins démocratiques dans les processus de décision, leur inaptitude à défendre l’état de droit et l’absence de débat démocratique européen sur la politique économique sont autant de phénomènes qui, en se combinant, ne peuvent qu’alimenter la dynamique des partis d’extrême-droite et entretenir la crise démocratique de l’Union Européenne et de ses États membres.

Droites et extrêmes droites européennes sabordent le Pacte Vert

Pour répondre aux deux défis environnementaux majeurs auxquels l’humanité est confrontée –le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité – et se conformer à l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015, l’Union Européenne s’est tracé une feuille de route environnementale qui se voulait ambitieuse pour les décennies à venir : le Pacte Vert (« Green Deal »). Son ambition affichée est de transformer l’UE en une « économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive », avec pour objectif très concret d’affranchir la croissance de sa dépendance aux énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Malgré les limites et les incohérences de ce Pacte, dénoncées par les ONG écologistes et certains eurodéputés – absence de « volet social », insuffisance du volet financier, non-remise en cause du productivisme et des accords de libre-échange –, l’appel pressant des scientifiques du GIEC en faveur de mesures urgentes et fortes pour atténuer les conséquences du changement climatique semblait avoir été au moins partiellement entendu.

Mais les droites et extrêmes droites, majoritaires au Parlement européen, sont depuis quelques temps vent debout contre ce Pacte Vert, alors que bon nombre d’entre elles l’avaient pourtant soutenu lors de son lancement en 2019. La guerre en Ukraine, avec une forte inflation comme corollaire, et surtout l’action des lobbies de l’agro-industrie et de la FNSEA profitant des récentes manifestations de mécontentement des agriculteurs sont passées par là. Avec le président hongrois Viktor Orban comme figure de proue, les droites conservatrices et populistes ont fait du Pacte Vert un bouc émissaire idéal à l’approche des élections, brossant ainsi une partie de leur électorat dans le sens du poil. Emmanuel Macron lui-même – « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas » – n’a pas hésité à se dédire et à apporter sa contribution au sabordage du Pacte en prônant une « pause » dans la réglementation. Quant à Jordan Bardella, il va jusqu’à demander l’abandon du Pacte, confirmant au passage le peu d’appétence du Rassemblement National pour l’écologie.

Conséquence : la plupart des textes encore à voter ont été vidés de leur substance ou même carrément abandonnés. Le plus emblématique d’entre eux, qui prévoyait de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030, a été enterré en fin d’année dernière, suite aux manifestations des agriculteurs et au travail de sape des lobbies de l’agriculture productiviste.

Une progression des droites européennes, et a fortiori des extrêmes droites, aux élections de juin serait assurément une très mauvaise nouvelle pour un Pacte Vert déjà bien malmené.

Des choix d’économies budgétaires révélateurs (Édito – avril 2024)

Le déficit budgétaire de la France – 154 milliards d’euros en 2023 – se maintient à un niveau élevé depuis 2018, accentuant parallèlement le poids de la dette publique. Bruno Le Maire a annoncé début mars un plan d’économies de 30 milliards d’euros sur deux ans pour tenter de redresser les comptes publics. Notons au passage qu’il est aux manettes de la politique économique de la France depuis sept ans, il ne doit donc pas être tout à fait étranger à cette situation…

Si l’on ne sait pas encore grand-chose des 20 milliards d’économie annoncés pour 2025, les 10 milliards de coupes budgétaires pour cette année ont déjà été actés par décret. Le détail de celles-ci illustre sans ambiguïté les choix idéologiques du gouvernement. Plus de 20% des crédits annulés relèvent de l’écologie au sens large, qui est par conséquent la grande sacrifiée. « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas » était pourtant l’un des mantras d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2022. Visiblement, les promesses n’engagent que ceux qui y croient… D’autres « grandes causes » ou « priorités absolues » proclamées du quinquennat payent également un lourd tribut : le travail et l’emploi, à travers la formation et l’apprentissage, l’égalité homme/femme, le logement social, l’éducation, ou encore la recherche et l’enseignement supérieur, pour ne citer qu’eux.

Pourtant, outre que la dette publique n’est pas la catastrophe que l’on prétend (voir l’article ci-dessous), d’autres voies étaient possibles. Mais elles se heurtent au refus dogmatique du gouvernement de solliciter davantage les plus riches – qui viennent en 2023 de se gaver de dividendes en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente –, de taxer les superprofits qui ont explosé à la faveur des récentes crises énergétique et sanitaire, ou de lutter plus efficacement contre la fraude et l’évasion fiscales. Conditionner le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) au soutien des entreprises en réelle difficulté et au respect de comportements « vertueux » en matière sociale et environnementale, au lieu d’arroser aveuglément et sans conditions, aurait aussi pu être une option. Les grosses entreprises, celles de plus de 250 salariés, captent plus de la moitié de cette manne financière – 20 milliards d’euros en 2023 –, alors que la plupart d’entre elles n’en ont pas besoin, au vu de leurs confortables bénéfices et des mirobolants salaires de leurs dirigeants.

Mais l’ADN libéral de nos gouvernants actuels les porte plus naturellement à affaiblir notre État protecteur et redistributeur qu’à le renforcer.

La dette publique : une construction politique

La dette, la dette, la dette ! C’est l’épouvantail agité en permanence par les économistes libéraux et par nos gouvernants pour nous faire avaler leurs politiques de « rigueur » – austérité et sacrifices pour la majorité, faveurs et cadeaux pour les plus riches. « La dette a atteint 110 % du PIB… C’est insupportable… On ne peut pas laisser ça à nos enfants ! » Pourtant, la dette publique n’est pas la catastrophe que l’on veut nous faire croire, loin de là.

Tout d’abord l’emprunt, qui génère une dette, est un instrument indispensable de bonne gestion des finances publiques, dès lors qu’il finance des investissements de long terme. Une route, un lycée, un hôpital, une bibliothèque sont construits pour des dizaines d’années. Nous les léguons à nos enfants en même temps que la partie de l’emprunt qui n’a pas été remboursée et qui leur permettra de contribuer au financement de ces équipements qu’ils continueront à utiliser après nous.

Pour autant, on ne doit pas laisser la dette croître indéfiniment. Encore faut-il ne pas se tromper d’indicateurs. Rapporter le montant de la dette publique à un pourcentage du PIB n’a aucun sens. C’est mettre en rapport un « flux » monétaire mesuré pendant une période donnée – le PIB, ensemble des richesses créées en une année par tous les acteurs publics et privés du pays – avec un « stock », grandeur mesurée à un instant donné – la dette des seules collectivités publiques à un moment de l’année. On pourrait aussi bien prendre pour référence le PIB d’un semestre – la dette atteindrait alors 220 % de celui-ci – ou de deux années – elle ne serait plus que de 55 % –, et ce ne serait ni plus ni moins absurde ! D’ailleurs, très nombreux sont les gens qui, pour acquérir un logement, s’endettent à hauteur de 5 à 10 fois leur revenu annuel sans que les banques – ni les économistes libéraux – y trouvent à redire.

Les limites à apporter à l’endettement sont ailleurs. Là où celui-ci peut devenir dangereux, c’est lorsque l’emprunt sert à financer non pas des investissements à long terme, mais des dépenses de fonctionnement courantes (hormis éventuellement des crédits à très court terme pour faire face à des difficultés momentanées de trésorerie). Une autre limite à l’endettement réside dans la capacité de remboursement : si le montant annuel à régler pour rembourser le capital et payer les intérêts est trop élevé par rapport au revenu annuel de l’emprunteur, celui-ci peut être amené soit à renoncer à des dépenses utiles, voire nécessaires, soit à emprunter encore pour payer ses dettes. Se produit alors un effet « boule de neige » : la dette s’accroît selon un processus auto-entretenu, la charge qu’elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc à accroître encore l’endettement, donc la charge de la dette, et ainsi de suite.

Si aujourd’hui, en France, les finances publiques se trouvent dans cette situation, ce n’est pas, comme on le prétend, par un excès de dépenses publiques, mais par une insuffisance de recettes. Ce sont les diminutions d’impôts successives et les exonérations de cotisations sociales, principalement en faveur des entreprises et des grandes fortunes, qui creusent les déficits publics générateurs d’endettement.

De plus, l’interdiction faite aux banques centrales – nationales ou européenne – de prêter directement aux collectivités publiques rend celles-ci tributaires des comportements erratiques ou spéculatifs des marchés financiers, provoquant une instabilité et un manque de visibilité à moyen terme qui compliquent les politiques publiques.

Ainsi, la dette publique n’est pas là par hasard. C’est une construction politique résultant des choix effectués depuis quelques décennies aux plans national et européen. De plus, le discours auquel elle donne lieu vise à faire peur au peuple, à le culpabiliser et, contre toute logique, à justifier les politiques d’austérité et de destruction des services publics. Redonnons aux élus la maîtrise de leur politique monétaire et budgétaire, redonnons à l’État et aux collectivités locales les moyens financiers qui leur ont été ôtés au profit des plus riches, et ils pourront faire fonctionner les services publics et continuer à investir avec un endettement nécessaire, mais raisonnable.


Il n’y a pas d’État-providence !

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Camus.

Bruno Lemaire, ministre de l’économie et des finances, a récemment déclaré vouloir mettre fin à « l’État-providence ». Qu’entend-il par-là ? Pour lui, et pour ceux qui le pourfendent comme pour ceux qui le défendent, « l’État-providence » désigne toutes les institutions de solidarité mises en place au fil du temps : protection sociale, aides sociales, services publics… Comme s’il s’agissait d’une manne céleste octroyée par une puissance divine qui ferait de nous tous des « assistés » – une injure chargée de mépris chez les idéologues de la « valeur-travail » et du « mérite ».

Mais qu’est-ce qui finance la santé ? Les cotisations des assurés sociaux, salariés ou travailleurs indépendants. Qu’est-ce qui finance les retraites ? Les cotisations des actifs. Qu’est-ce qui finance les allocations chômage ? Des cotisations « patronales » prélevées sur le salaire des travailleurs en emploi. Toutes ces cotisations, qu’elles soient dites « salariales » ou « patronales », sont en effet la partie non pas individuelle, mais socialisée du salaire.  Et qu’est-ce qui finance les services publics – « le patrimoine de ceux qui n’en ont pas » – ? Les impôts que nous payons tous, contrairement à ce que l’on entend souvent, car si une partie de la population est exonérée de l’impôt sur le revenu, la totalité paie au quotidien de la TVA.

Aucune providence donc dans tout cela, mais des institutions collectives de solidarité auxquelles chacun contribue et dont chacun bénéficie, acquises par des luttes sociales et des politiques publiques visant, par exemple, « à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail » ou encore à instaurer « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours »[1]. Ces institutions solidaires doivent être défendues contre les pourfendeurs du prétendu « État-providence », ceux qui s’acharnent à détruire tout ce qui s’apparente aux protections collectives et aux solidarités.


[1] Extraits du programme du Conseil National de la Résistance, Les Jours Heureux, adopté le 15 mars 1944.

L’agriculture sacrifiée (Édito – mars 2024)

Les agriculteurs viennent de se mobiliser fortement pour exiger des revenus qui leurs permettraient de vivre convenablement du fruit de leur travail. Alors que leurs difficultés sont dues à la pression exercée par la grande distribution et les industries agroalimentaires, mais aussi à la politique de libre échange de l’UE et de la PAC, Gabriel Attal et la FNSEA ont choisi, en suspendant le « plan Ecophyto », de faire de l’écologie le bouc émissaire.

Bien sûr, le modèle productiviste actuel appauvrit la paysannerie vivrière au profit de la grande distribution et de l’agro-industrie*. Mais défendre la voie de l’agroécologie pour garantir une rémunération stable ne suffit pas, il faut aussi mettre fin au libre-échange généralisé et interroger le rôle de la PAC. 9,5 milliards d’euros d’aides ont été distribués aux agriculteurs en 2022, mais ces aides, premier pilier de la PAC, financent essentiellement les gros producteurs, laissant 18 % des agriculteurs vivre en dessous du seuil de pauvreté. Les organisations syndicales productivistes françaises ont toujours refusé d’orienter la PAC vers son deuxième pilier, fondé sur le développement rural, et défendent un modèle d’exportation qui épuise les sols, maltraite les animaux et intoxique les paysan-nes.

L’agroécologie est la seule voie raisonnable, car agriculture et écologie sont intrinsèquement liées. Les êtres humains ne sont ni hors, ni au-dessus des écosystèmes, ils en sont une composante essentielle. Loin de sauver l’agriculture, la macronie la sacrifie en réalité sur l’autel du libéralisme.

* Selon le rapport 2022 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, sur 100 € dépensés par le consommateur, la valeur ajoutée par l’agriculture ne représente que 6,90 €, contre 10,40 € pour les industries alimentaires.

Jusqu’où ira la banalisation du RN ?

Alors que les sondages réalisés en vue des élections européennes placent le Rassemblement National largement en tête, la banalisation de ce parti ne fait que se confirmer. Si dans ce processus les médias jouent un rôle essentiel – Bardella a été interviewé 13 fois entre le 16 janvier et le 16 février, tous médias confondus –, au parlement aussi on s’évertue à le banaliser. La majorité lui avait déjà donné des postes de vice-présidence à l’Assemblée nationale, mais aujourd’hui c’est une ministre qui lui reconnaît publiquement  un « rôle de parti comme les autres », et c’est un responsable du parti Horizon qui se dit prêt à travailler avec lui…

Plus grave, Darmanin, qui avait déjà avec la complicité de LR présenté une loi introduisant la « préférence nationale », reprend aujourd’hui une idée d’extrême-droite en remettant en cause le droit du sol à Mayotte.

Jusqu’où ira la banalisation du RN ? Ira-t-on jusqu’à laisser ce parti raciste et xénophobe, qui a osé participer à une manifestation contre l’antisémitisme, apparaître comme le défenseur de la République ?

Collectif Histoire et Mémoire

Le collectif Histoire et Mémoire dans le Respect des Droits Humains mène actuellement une campagne contre le projet d’ériger une statue en bronze du général Bigeard dans l’espace public à Toul. Cette initiative a été lancée en 2018, et la statue est prête depuis 2020.  Mais la municipalité de Toul a longtemps hésité à cause des oppositions à ce projet. Elle vient cependant de donner son feu vert à l’installation de la stèle. La date de l’inauguration reste pour l’instant entourée de mystère…

Voici en pièce jointe l’argumentaire du collectif. Attac-54 s’associe à sa  campagne contre ce projet.

Le coin des livres

Recueil de nouvelles – Benoît FOURCHARD, auteur de pièces de théâtre, de scénarios, de nouvelles et de romans, et accessoirement membre d’Attac-54, vient de publier Indéfectibles, un recueil d’une vingtaine de nouvelles « qui sont autant de récits drôles ou émouvants de destins individuels croisés à des événements de l’histoire récente. »

Anthropocène et habitabilité de la planète – Henri CUNY, docteur en biologie végétale et auteur du livre Le Bon, la brute et le tyran – ce que l’Anthropocène dit de nous, a donné en janvier dernier une conférence sur l’Anthropocène, organisée par Attac-54. Il a mis en lumière les conséquences pour notre planète de l’activité humaine, et esquissé des pistes pour y faire face.

Le juste sort d’une mauvaise loi (Édito – février 2024)

Le gouvernement a décidé, voilà plus d’un an, de présenter une nouvelle loi dite « Asile et immigration », soi-disant pour répondre à l’attente du peuple français. Cette loi, condamnée dès le début par l’ensemble des associations, des syndicats et des partis politiques de gauche, a connu bien des péripéties avant d’être en partie retoquée fin janvier par le Conseil Constitutionnel, au moins dans ses dispositions les plus dures et les plus injustes, qui remettaient en cause certains fondements de notre République.

Elle avait donné lieu, le 21 janvier, à des manifestations à Nancy et un peu partout en France, suite à un appel lancé par de nombreuses personnalités. Cet appel soulignait le caractère dangereux de la loi : « C’est un tournant dangereux dans l’histoire de notre République, d’abord parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni au défi de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration ». De plus, ajoutait le communiqué, cette loi est dangereuse « parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer en France leur projet de préférence nationale ». Enfin, concluait-il, « elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain hérité du Conseil National de la Résistance que sont le droit du sol, au travail, à l’éducation, au logement et à la santé ».

Les personnalités signataires appelaient à agir contre « la division de la société » qu’induit cette loi en manifestant leur attachement aux principes de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.

Toujours est-il que, si Darmanin se vantait d’avoir fait passer la loi, Macron a, quant à lui, fait preuve à cette occasion d’une véritable duplicité : il a soutenu une loi raciste qui prônait « la préférence nationale », tout en escomptant que le Conseil Constitutionnel supprimerait les articles les plus dangereux pour la démocratie. En agissant ainsi, alors qu’il s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-Le Pen, il a fait preuve d’une totale irresponsabilité en encourageant les idées de l’extrême droite et en donnant des arguments à ceux qui, RN en tête, mettent en cause l’État de droit.